En ce début d’année 2023, à travers les villes traversées, petites ou grandes, en Bretagne, en Anjou et en région parisienne, je regardais les enseignes fermées, nombreuses ; fin d’activité. Autant d'animations manquantes à la vie communautaire et aux partages.
Comme une multitude de « fin de vie » parsemant les quotidiens. Des boutiques, des associations, des collectifs... mais surtout : des vies dont un contexte indépendant de leur volonté a sonné le glas.
Le cœur pincé, je constate que cette « non-vie » s’étale comme une mauvaise confiture sur une piètre biscotte, avec un fond d’amertume à l’âme.
La faute à qui donc ? Je laisse de côté cette question.
Et puis j’ai eu cette sensation de deuil général s’ajoutant aux miens, aux vôtres, à ceux que chacun traverse au fil des temps.
« Nous sommes en deuil » me suis-je entendu dire… à quelques exceptions près peut-être, dans ces peuples qui ont su rester à l’écart d’une « modernité morbide » (pour faire court : celle de l’appât du gain et des artifices trompeurs), le monde entier est en deuil d’un fonctionnement qui se meurt…
C’est du moins ce que j’ai ressenti et ce qui me semble nous impacter tous, en conscience ou non, avec cette fin d’une vie connue, plus ou moins maitrisée jusque-là. Comme lorsque la guerre bouleverse tout sur son passage ; où le quotidien bascule, où les repères tombent, où l’inconnu et la peur dominent pour aller vers quoi ?
Tout s’écroule et rien ne sera plus comme avant. Dans certains domaines c'est tant mieux, car la pomme est pourrie jusqu’au trognon. Dans d’autres, c’est un peu plus dur à « avaler », à envisager, à lâcher : c’était chouette, c’était facile, c’était « normal ».
Le choc, le déni, le chantage, la colère, la tristesse… puis viendra la construction d’autre chose, peut-être en tirant des leçons fertiles de ce monde altéré et falsifié à tant de niveaux.
Un deuil se vit, s’accueille, s’accompagne. Je rajoute donc celui-ci, celui de notre « vie d’avant », à ceux qui jalonnent ma vie, encore en cours, en train de commencer ou à venir. Je ne vais pas lutter contre cela, je n’y perdrais que des forces rares et précieuses dont j’ai besoin pour le reste. Car la vie humaine a cela d’étrange : cette propension à nous faire vivre en simultané des fins et des commencements, des chagrins et des joies, des peurs et des courages entremêlés !
J'ai d'ailleurs observé aussi - et peut-être autant - de belles initiatives humaines à partager avec les autres ; des tiers-lieux solidaires et créatifs, des habitats nouveaux à dimensions humaines, des engagements envers une vie plus naturelle et saine, à distance du « rouleau compresseur » d'une société agonisante d'arrogance, s'étant crue au-dessus de tout, de la Vie elle-même...
Des initiatives, des projets, des rassemblements essentiels, comme si la Vie poussait encore et toujours à se réinventer tout en apprenant à jouer plus juste...
Je ne sais pas à quoi ressemblera la suite de ce gros merdier que nous vivons, subissons ou créons, mais ça pique quand même ma curiosité !
J’espère juste que, à l'image de ceux qui sont déjà dans une belle démarche quoi qu'il se passe autour, nous saurons être plus vrais et authentiques, plus aimants, plus respectueux de la Vie et joyeusement créatifs !
Marianne’So & Go
留言